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Channel: Denys-Louis Colaux - burvenich-et-moi

Burvenich - Colaux

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Illustrations : Laurence Burvenich  - Haïkus : Denys-Louis Colaux

HAIKUS EN FORME D'ORCHESTRE SUR LA NUDITÉ

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MAÎTRISE, VIOLONS
 
Passent l'âme, l'eau
le halo du pinceau sur
le linge du geste.
 

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LUMIÈRE, CUIVRES
 
Et l'épaule lève,
laiteuse, un peu vénitienne,
son ampoule opale.
 

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LUMIÈRE INTÉRIEURE, VIOLONCELLES
 
Nue, afin qu'un astre,
en la lourde et lente essence
de son sang, infuse.
 

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LIGNAGE, HARPE
 
Tel un épi d'huile
pris dans l'étui de sa cloche,
nu, le corps éclôt.
 

CORPS & ÉCHOS

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Illustrations : Laurence Burvenich - Textes : Denys-Louis Colaux

Corps & échos

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Les corps rêvaient
 
Humbles 
à la terrasse de leur nudité
 
Précis
masqués d'un lait d'ombre
ils faisaient âmes avec eux-mêmes
 
Les corps regardaient
célestes
passer leurs anges délivrés
 
 

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Lents
 
Parés de neige intimes
ils couvaient les frissons de leurs ailes intérieures
 
Les corps songeaient
délassés
aux horizons de leurs amarres
 
Pâles
voilés d'une once d'huile
ils naviguaient au chevalet
 

Le Magne

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Peintures : Laurence Burvenich - Poèmes : Denys-Louis Colaux

LE MAGNE

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BRUMES DU MAGNE
 
De grands roulis de lait
étendus de miel ocre et de sucre candi
Des roulis d'âmes
mêlés de gypse et de péchés véniels
Roulaient
sur des bastilles de sable et de pierre
des manèges solubles
d'humanité morte et naissante
 

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OCHIA
 
La vie par ses fissures
par les nervures de ses rêves
sue de l'encre à poème
et du thé d'arc-en-ciel
 

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LES PLAINES DU MAGNE
 
Aux longs fils électriques
              qui font entre deux crêtes
passer le monde
         par le chas de l'aiguille
sèchent les linges
les dépouilles de mue
de l'horizon lavé
 
Des vergers de couleurs
mouillés dans leurs racines
hèlent de leurs chapeaux
tout en haut du Péloponnèse
les grands cheveux de la lumière
 

Usines & Fourneaux

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Tableaux : Laurence Burvenich - Textes : Denys-Louis Colaux
 
 
USINES & FOURNEAUX
 
 
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Ces usines ne sont pas des usines. Ce sont des usines sur bois. Ce sont des fleurs de fumée, des essaims de papillons toxiques. Ce sont de dansants Versailles de poussière chaude. Des bras de braise, des badigeons qui touillent dans le ventre ouvert et les tuyaux d’orgues de l’arc-en-ciel. Ce sont de vrais fantômes vivants, des vaisseaux incarcérés dans les poisons de leurs haleines. Ce sont des lignes avalées dans des bouillons de suie, d’urée et de sang. Ce sont de vacillants calvaires de croix et bannières, des horizons shampouinés à l’eau de rouille, au jus de soufre, à l’huile d’extrême-onction.

 

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Ces usines ne sont pas des usines. Ce sont des suées d’humanité perdue. Des cimetières en gésine de feux follets. Ce sont des espérances de pain blanc et de soupe, des rêveries de bord de mer. Ce sont des calicots qui brûlent parmi les nuages. Ce sont des batteries de vulcains mis à la chaîne, aux ordres, sous contremaître. Ce sont des vitraux d’éclipse et d’irruption. Ce sont des bûchers ardents. Des prières d’incinérer. Crachés mauve et deuil, le chant du cygne, l’agonie sale des Lumières. C’est Cézanne au charbon, au gaz, au feu, au trottoir.

 

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Ces usines ne sont pas des usines. Ce sont des athanors étouffés dans leurs tuberculoses, des sanatoriums à l’envers. Ce sont des cathédrales d’asphyxie, des triomphes d’apocalypse. Ce sont des cracheuses de cendres, des souffleuses d’âmes. Ce sont des machines à boucaner les oiseaux, les étoiles. Ce sont, pour les musettes où viendra pavoiser la Camarde, des accordéons et des bugles à vous souffler la mort en pleine gueule. Ce sont, à l’unisson de leurs architectes, des machines qui toussent sous le ciel.





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